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Entre absurde et critique sociale : une lecture de Liza, the Fox-Fairy

Entre absurde et critique sociale : une lecture de Liza, the Fox-Fairy

Dans le cinéma d’Europe centrale, les émotions, les genres et les tons se mélangent souvent pour exprimer la complexité des sociétés. Le film hongrois Liza, the Fox-Fairy en est un bon exemple. Sous l’apparence d’une comédie absurde, il cache une critique sociale plus profonde. En jouant avec les codes du cinéma et en adoptant une esthétique étrange, le film pose une question importante : comment représenter l’identité hongroise dans un monde marqué par le post-communisme et la mondialisation ?

Au début du film, l’ambiance est très calme et un peu inquiétante. Dans la scène du commissariat, la lumière est froide, Liza est seule. Le commissaire écrase sa cigarette sur le repas alors qu’un cendrier est juste à côté. C’est absurde, mais c’est un détail qu’on peut facilement rater lors d’un premier visionnage. On a l’impression qu’elle a été amenée là à la hâte, comme si on l’avait sortie de la douche sans lui laisser le temps de se préparer. J’ai d’abord pensé que nous regardions un film politique. Mais quelques secondes plus tard, avec les bruits étranges produits lorsque la femme assise sur la chaise d’interrogatoire bougeait la tête, et avec ses répliques fantastiques, j’ai cru qu’il s’agissait d’un film d’horreur. (Vers la fin du film, on apprend que ces sons venaient en réalité d’une machine à café anormalement déréglée.) Puis, une voix extra-diégétique apparaît et une chanson japonaise commence. Le ton change complètement. Le film passe d’une ambiance sombre à une comédie absurde.

Ce changement de ton n’est pas seulement esthétique. Il a aussi une fonction narrative et politique. À ce moment-là, on ne peut plus vraiment s’identifier à Liza. On ne vit pas l’histoire comme si elle était réelle. Le film nous rappelle que c’est une fiction, et il veut plutôt nous faire réfléchir. C’est un peu comme le théâtre épique de Brecht, qui empêche le spectateur d’être complètement dans l’émotion. Avec cet effet d’éloignement, les auteurs socialistes faisaient parfois de la propagande ou poussaient les spectateurs à réfléchir. Voir cette technique dans un film qui mélange plusieurs genres me fait penser que les cinéastes hongrois s’inspirent aussi de leur expérience du communisme.

L’univers culturel de Liza confirme cette impression d’identité brouillée. Quand j’ai vu que Liza adore la culture japonaise, j’ai pensé à la mondialisation. Elle vit dans un pays qui a perdu ses repères, et elle cherche des choses ailleurs, dans une culture qui n’est pas la sienne. Ce n’est pas vraiment la culture japonaise ou la mythologie hongroise qui pose problème, mais plutôt le fait qu’elle soit influencée par des romans japonais simples et commerciaux. Cela montre une forme de mondialisation qui reste en surface, sans profondeur. C’est peut-être une  façon de montrer que la Hongrie aussi est influencée par d’autres pays, surtout après la fin du communisme.

Dans une autre scène, une vieille femme japonaise loue Liza pendant douze ans (le narrateur du film ne prend même pas la peine de dire qu’elle est aide-soignante). Elle lui apprend la langue japonaise et lui fait écouter de la musique japonaise. Pour moi, cette scène montre une idée d’impérialisme culturel. Cela me rappelle aussi l’histoire politique de la Hongrie. En même temps, on remarque aussi que cette femme âgée et alitée limite beaucoup Liza dans sa vie quotidienne. C’est normal que les cinéastes soient influencés par tout cela, ou qu’ils veuillent en parler à travers leurs films.

Un autre exemple frappant de cette critique sociale apparaît dans une scène simple, mais symbolique : celle du restaurant. On dirait un fast-food. Liza veut manger son plat préféré, mais la caissière lui dit de choisir quelque chose dans le menu. Cette scène exprime comment les grandes chaînes comme les fast-foods, avec leur production en série de type fordiste, détruisent les goûts locaux. Elles imposent les mêmes produits partout, ce qui efface peu à peu les différences culturelles. C’est ce qu’on appelle la standardisation. Pour moi, ce phénomène est complètement opposé à l’idée d’amour que Liza recherche. Elle veut une relation sincère, où deux personnes se comprennent et s’acceptent avec leurs différences. Ce type de lien authentique n’a rien à voir avec la métaphore du hamburger qu’on trouve dans ce roman japonais bon marché.

À travers son mélange de genres – horreur, comédie, fantaisie et drame –, le film Liza, the Fox-Fairy réussit à parler de sujets graves d’une manière légère mais intelligente. Il montre une société perdue entre traditions locales, souvenirs du communisme, et influences étrangères. Ce mélange crée une distance avec le réel, mais c’est justement cette distance qui permet au spectateur de réfléchir. Le film ne donne pas de réponse claire, mais il pose des questions essentielles sur l’amour, la culture et l’identité dans une Hongrie contemporaine en transformation.

Yankı Eyigünlü

Avril 2025

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