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Analyse de la chanson 1994 de Eko Fresh – Partie I

Nous avons abordé précédemment la résistance à travers la migration avec l’exemple des germano-turcs. Dans cette nouvelle série d’articles, nous analyserons 1994 d’Eko Fresh, à travers le clip, les paroles et les formes de résistance qu’elle englobe.

Une famille immigrée

La première séquence du clip commence par un très gros plan sur saz, puis des zooms sur les objets décoratifs de la maison de la famille présentée. Nous voyons une photo de Zeki Müren, le drapeau turc, des photographies de mariage, le tapis mural avec un motif de cerf et la théière. Cela représente une image traditionnelle d’une famille turque, référant à un côté rural. Il est possible d’interpréter que la sphère privée de la famille est construite très ancrée dans la culture d’origine.

Nostalgie : fondement d’une trajectoire migrante

Le sentiment nostalgique s’entend à la fois dans la mélodie, mais est aussi observé dans la construction de la sphère privée. Ici, j’emploi le terme nostalgie non dans le sens mal du pays ou mal du passé, mais dans le sens de regret mélancolique d’un passé douloureux, qui est dans un sens mélancolique. Il est vu dans l’histoire que la nostalgie par le deuil d’un passé (ou présent) douloureux a été l’objet de genres musicaux, comme dans l’exemple du blues. A cet effet, le sentiment nostalgique crée une satisfaction de pouvoir se rappeler. Nous observons la nostalgie dans la consommation des produits culturels et aussi dans leur production/reproduction. Marc Breviglieri explique la migration comme ayant deux faces distinctes; l’une cherchant à déplacer intégralement le lieu d’origine, d’où la sentiment nostalgique, et l’autre essayant de fuir le passé et ayant besoin d’une renaissance. 

Introspection de soi

Ensuite, l’enfant arrive à la maison, sa mère l’accueille en disant bienvenue en turc, puis l’enfant s’adresse à son père en allemand : “Baba, on m’a demandé à l’école d’où je viens”. Ici, il s’agit du premier point de rupture, car c’est à cet instant là que nous comprenons que c’est une famille migrante. Nous voyons le père chanter dans un air triste, voire larmoyant jusqu’au deuxième point de rupture, qui est marqué par le père laissant son instrument et s’adressant directement à son fils. C’est donc à partir de ce moment-là que le père change de ton et donne des conseils à son fils, suivi des décors de la maison, une veste yurdumspor, puis une pose de la famille avec tous ses membres. 

Sur la dernière séquence du clip, nous voyons le fils grandi, tenant une photo de son père (écrit derrière Babam-mon père, avec la date de prise de photo) et buvant du thé turc. Le fils pose ensuite cette photo dans son passeport allemand.

Bibliographie :

 Marc Breviglieri, “De la cohésion de vie du migrant : déplacement migratoire et orientation existentielle”, Revue européenne des migrations internationales, vol. 26 – n°2 | 2010, 57-76.

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