Une analyse personnelle de la pandémie – 2éme partie
Une analyse personnelle de la pandémie – 2éme partie
Normalisation de l’atrocité : Les Habitudes
Ce qui m’étonne toujours, au moment de l’atrocité, on ne trouve pas que notre situation est si mal que ça. On s’habitue. L’habitude, comme l’on sait, est le plus grand ennemi du changement et de la révolution : d’abord elle immobilise et après elle normalise et en fin de compte, elle aguerri « l’improbable ». Ce jour-là, je me demande comment nous avons vécu, comment nous avons accepté le confinement total pendant si longtemps.
Cela étant, l’habitude ne vient pas toute seule, elle amène d’autres éléments avec, comme l’angoisse. Elle s’incruste dans nos vies avec une angoisse durable. Cette angoisse vient de la tension surgie à partir des contradictions que nous devons vivre chaque jour : L’acceptance de l’existant pour les besoins vitaux à l’immédiat (principalement la sécurité pour se nourrir et dormir…) et vivre dans un système qui, à terme, ne nous permet absolument pas d’avoir un sentiment de complétude quoiqu’on réussisse.
Cette contradiction, qui est la source d’angoisse durable, nous l’acceptons et la vivons tous les jours avec des chagrins qui nous empêchent de réfléchir, d’avoir un cerveau sain afin de pouvoir développer un plan de sortie. Nous sommes toujours dans l’urgence quotidienne, nous n’avons ni le temps ni l’énergie pour être créatif. Nous ne sommes pas en sécurité et nous sommes obligés de penser à notre loyer, notre cuisine, nos habilles tous les mois.
Je voudrais répéter pour bien souligner : Le moment qu’on est en train de vivre est atroce. Mais je voudrais rajouter que toute l’atrocité est habituable et on avait déjà des vies atroces dans lesquelles nous avions développés des « faux anticorps » pas pour vivre mais survivre. J’appelle toute sorte de distractions qui nous font oublier cette vie comme des « faux anticorps ». L’alcool et toutes sortes des drogues, les séries netflix, les sites des rencontres toujours pour des nouvelles aventures…etc. sont des faux anticorps, qui ne servent que passer le temps pour oublier notre chagrin, notre contradiction principale et pouvoir vivre en mode de survie. Certes ce n’est pas un discours très « original » ; mais il m’est indispensable de le répéter.
Un jour quand les cinéastes vont raconter notre histoire avec des beaux acteurs et des belles actrices, accompagnés par une musique dramatique, nos enfants vont se sentir chanceux de ne pas avoir vécu cette époque, sans se rendre compte de l’atrocité de leurs habitudes. Ces habitudes, qui nous font affaiblir de jour en jour, normalisent les abominations et nous rapetissent devant un problème. Par conséquent, nous restons immobiles et incapables de prendre une décision et passer à l’action. L’atrocité, puis qu’on la connaît, nous semble plus sécure qu’un changement inconnu – malgré qu’il soit bien meilleure que la situation en place.
D’autre part, une fois qu’on trouve la force de prendre l’initiative de notre vie et le control de notre vie, on ne se sent pas si faible et l’atrocité devient un problème définissable et ne sera plus une boite noire. Si pour nous le problème est connu et défini clairement il sera certainement résolu ; par nous ou par une autre génération après nous ; mais la moitié du chemin sera déjà faite.
Nail Aras